Les différents styles des immeubles parisiens

Le vieux Paris (1400 - 1650)

Au cœur du vieux Paris, entre les années 1400 et 1650, la ville était un tissu complexe de ruelles étroites et sinueuses, bordées d'immeubles qui témoignent de la transition du Moyen Âge à la Renaissance. 

Il reste peu d’immeubles de cette époque, une grande partie d’entre eux ayant disparu lors de la lutte contre l’insalubrité parisienne et au moment de la restructuration haussmannienne.

La lecture des éléments architecturaux de cette époque est difficile, car de nombreuses maisons ou immeubles ont été remaniés, rehaussés et modernisés.

Les traits caractéristiques du style des immeubles du vieux Paris 

• Porte d’immeuble à panneau cloutés comme cette porte du 8, rue Sauval dans le 1er arrondissement 
• Mur à pan de bois : ici, les immeubles situés 11 et 13, rue François Miron dans le 4e.
• Façade pignon sur rue : un bel exemple entre les 31 et 41, rue Galande dans le 5e arrondissement.

Quelques beaux exemples architecturaux du vieux Paris : 

• Possiblement la plus vieille maison de Paris : 51, rue de Montmorency, 3e
• A l’époque d’Henri IV : 8, place des Vosges dans le 4e arrondissement
• 97, rue Saint-Honoré 75001

Les immeubles parisiens au temps de Louis XIV (1651 - 1715)

L'ère de Louis XIV, qui s'étend de 1651 à 1715, marque une période faste dans l'histoire de l'architecture parisienne, caractérisée par l'opulence, la symétrie et le classicisme. L'architecture de cette époque se veut le miroir des ambitions royales. L’accent est mis sur  l'ordre, la mesure et l'harmonie, inspirée des principes classiques de l'antiquité gréco-romaine.

L'influence de Louis XIV sur l'architecture parisienne s'étend aux grands projets d'urbanisme et aux édifices publics, tels que la place Vendôme et la place des Victoires, qui sont aménagées, selon les principes de régularité et de grandeur propres à l'époque. 

Les signes distinctifs du style des immeubles parisiens à cette époque 

• Mur en pierre de taille comme au 91, rue Quincampoix dans le 4e
• Porte de menuiserie à panneau unifié : 12, rue de Sévigné 75004

Des exemples architecturaux parisiens du temps de Louis XIV 

Grand ensemble religieux situé 2 - 14 rue de la Ferronnerie dans le 1er arrondissement 

Un immeuble sobre et élégant mis en beauté par la ferronnerie au 23, rue Danielle-Casanova 75001.

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Le style des immeubles parisiens au 18e siècle 

Le 18e siècle à Paris fut une époque de raffinement et d'évolution dans l'architecture résidentielle, marquée par l'émergence du style rocaille et le retour progressif vers le classicisme en fin de siècle. Ce siècle, caractérisé par les Lumières, a vu l'architecture parisienne s'adapter aux goûts et aux besoins d'une société en quête d'élégance, de confort et d'expression personnelle. 

Les immeubles parisiens de cette période se distinguent par une augmentation de l'attention portée aux détails décoratifs et à l'agrément des espaces de vie. Le style rocaille ou Rococo, avec ses ornements élaborés, ses courbes gracieuses et son goût pour le pittoresque, se manifeste dans les intérieurs des demeures parisiennes, mais aussi dans les éléments de façade comme les ferronneries des balcons, les mascarons et les coquilles sculptées ornant les portes et les fenêtres.

En parallèle, l'architecture extérieure des immeubles commence à intégrer des éléments classiques plus sobres vers la fin du siècle, préfigurant le mouvement néo-classique. Les façades deviennent plus homogènes, avec l'utilisation répandue de la pierre de taille. Elles sont souvent organisées autour d'un axe central, mettant en valeur l'entrée principale avec des colonnes ou des pilastres. Les toits sont moins pentus que dans les siècles précédents, avec des lucarnes discrètement intégrées.

Les plans des bâtiments évoluent également pour offrir une meilleure distribution des pièces et une séparation plus nette entre les espaces de réception et les appartements privés.

Le XVIIIe siècle voit aussi l'essor des immeubles de rapport, destinés à la location, qui commencent à structurer le tissu urbain parisien. Ces bâtiments, construits par des investisseurs privés, sont conçus pour maximiser l'espace habitable sur des parcelles souvent étroites, donnant naissance à des cours intérieures et des escaliers communs qui caractérisent encore aujourd'hui l'habitat parisien.

Les traits caractéristiques de l’architecture du 18e 

• porte de menuiserie à panneaux et ornements rocaille comme au 4, rue Royer-Collard dans le 5e (réalisation du maître maçon René Baudoin, 1734)
• Fenêtres en plein cintre (décrivant un demi-cercle) : vers 1720 l’immeuble du 115, rue Saint-Honoré dans le 1er arrondissement.
• Affirmation du mur nu par de fins refends (lignes creusées) horizontaux comme au 64 rue René-Boulanger dans le 10e.
• Bas-relief de style antique 
• Retour à des fenêtres rectangulaires moins hautes comme au 137, rue Vieille-du-Temple dans le 3e.
• Immeuble de rapport : bel exemple au 11, place du Marché-Sainte-Catherine dans le 4e

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Les immeubles à Paris au 19e siècle

Le 19e siècle à Paris est une période de transformation radicale, marquée par l'industrialisation, l'urbanisation accélérée et l'ambitieux programme de rénovation urbaine dirigé par le baron Haussmann sous le Second Empire. Cette ère voit l'émergence d'un style architectural qui allie fonctionnalité, esthétique et une vision urbanistique d'ensemble, laissant une empreinte indélébile sur le paysage parisien.

Le Néoclassicisme et l’époque Louis-Philippe (1792 - 1848)

Au début du siècle, l'architecture parisienne continue d'explorer les variations du style néo-classique, avec une prédilection pour la symétrie, l'ordre et la clarté des formes. Les immeubles de cette époque, souvent construits en pierre de taille, présentent des façades sobres et élégantes, des colonnades et des frontons qui rappellent l'antiquité gréco-romaine.

Les traits caractéristiques du Néoclassicisme et de l’époque de Louis-Philippe (1792 - 1848)

• Portail à pilastre (colonne plate formant une légère saillie) comme au 42, rue du Bac dans le 7e : 

• Fenêtre classique de style français ou italien comme on peut en voir sur le 2e étage de l’immeuble du 1, place Franz-Liszt dans le 10e.
• Les passages couverts : à l’image de la galerie Véro-Dodat au 2, rue du Bouloi dans le 2e 
• Garde corps, balcon et élément de décoration en fonte : 42, rue du Bac, 7e 

• Début du répertoire 1ère Renaissance au 24, rue Linné et 5 et 7, place Jussieu.
• Style néo-Renaissance au 27, rue Victor Massé dans le 9e

La révolution haussmannienne (1853 - 1870)

Cependant, c'est la rénovation haussmannienne, démarrée en 1853, qui va profondément remodeler Paris. Haussmann, préfet de la Seine, entreprend de vastes travaux visant à moderniser la capitale : percement de larges avenues, création de places, de parcs, assainissement et mise en place d'un réseau d'eau et d'égouts. Les immeubles haussmanniens, caractéristiques de cette période, se distinguent par leur uniformité et leur monumentalité. Ces bâtiments, érigés le long des nouveaux boulevards, arborent des façades régulières, des balcons filants au second et cinquième étage, des toits mansardés et des corniches imposantes. L'intérieur des appartements reflète un souci du confort moderne, avec de hauts plafonds, des parquets, des moulures et des cheminées en marbre.

Les traits spécifiques du style haussmannien (1853 - 1870)

• Grandes portes intégrant souvent l’entresol : 43, rue La Bruyère, 9e.
• Balcon filant au deuxième et cinquième étage : 

L'émergence de l’Art Nouveau (1882 - 1902)

Parallèlement, le mouvement artistique de l'Art Nouveau émerge à la fin du siècle, apportant une nouvelle approche de l'architecture et du design, caractérisée par des lignes courbes, des motifs inspirés par la nature et l'utilisation innovante du verre et du fer. Des bâtiments comme le Castel Béranger d'Hector Guimard (16, rue Jean de Lafontaine, 16e) illustrent cette volonté d'intégrer l'art dans l'espace urbain, rompant avec le classicisme pour explorer des formes organiques et dynamiques.

Les Motifs spécifiques de l’Art Nouveau (1882 - 1902)

• Figures féminines différentes des cariatides : 16, rue d’Abbeville dans le 10e
• Revêtements colorés : un exemple sur une façade d’un immeuble de la Villa des Ternes dans le 17e : 

• Bow-windows comme au 66, rue des Mathurins dans le 8e.
• Céramique et grès flammé au 14, rue d’Abbeville dans le 10e arrondissement.

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Les styles architecturaux des immeubles parisiens au 20e et début du 21e siècle

Le 20e siècle à Paris est marqué par une pluralité de courants architecturaux, reflétant les bouleversements historiques, les avancées technologiques et les évolutions des mentalités sociales. Cette période est témoin d'une exploration audacieuse de nouveaux matériaux, de techniques innovantes et d'une quête incessante de modernité, qui se traduisent dans le paysage urbain par une diversité stylistique remarquable.

De la Belle Époque à la seconde guerre mondiale (1900 - 1939)

Pendant la Belle Époque, l'Art nouveau a trouvé son apogée, suivi de près par l'Art déco dans les années 1920 et 1930. Ces mouvements se manifestent à Paris à travers des bâtiments aux façades ornées de motifs floraux et géométriques, des structures élégantes et des décorations raffinées. Le Palais de Chaillot, construit pour l'Exposition universelle de 1937, est un exemple emblématique de l'Art déco, avec ses formes symétriques, ses sculptures et ses ornements. Cette époque avant-guerre assume un éclectisme épanoui.

Les traits distinctifs de l’architecture de la Belle Époque (1900 - 1918)

• Traitement ondulé des façades et des angles : 23, av. messine dans le 8e par l’architecte Jules Lavirotte, sculpture de Léon Binet en 1907.
• Porte vitrée et ferronnerie souple au 33, rue du Champ-de-Mars dans le 7e arrondissement, par Octave Raquin en 1910.
• Ornements naturalistes : 
• Libération des parties hautes des immeubles : 132, rue de Courcelles, 17e par l’architecte Théo Petit en 1907.

• Les immeubles commerciaux à l’image du 118, rue Réaumur dans le 2e, par l’architecte Charles Guimard de Montarnal qui a été primé en 1900.

D’une guerre à l’autre (1918 - 1940) 

Les constructions résidentielles de cette période améliorent le confort et la qualité de vie des habitants ; grâce à des appartements mieux éclairés et aérés, des innovations telles que l'introduction de chauffage central et des ascenseurs.

Cette période est aussi celle de l'expérimentation et de l'ouverture vers les nouvelles technologies de construction, permettant de réaliser des structures plus audacieuses. Malgré l'ombre de la crise économique de 1929 et des tensions politiques croissantes, l'architecture parisienne entre 1918 et 1940 témoigne d'un optimisme et d'une créativité foisonnante, reflétant l'esprit d'une époque en quête de renouveau et d'expression artistique.

Les signes distinctifs de cette époque : 

• Fenêtre horizontale en bande ou angulaire : 96 rue Notre-Dame-des-Champs dans le 6e, par Léon-Joseph Madeline en 1939.
• Utilisation de la brique comme au 6 bd Ornano dans le 18e, par André Granet en 1929.
• Ferronnerie à dessins géométriques comme au 19, bd. Raspail dans le 7e arrondissement, par Henri Sauvage en 1906

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Le style des immeubles parisiens pendant les Trente Glorieuses (1945 - 1974)

L'après-guerre et les Trente Glorieuses marquent une période de reconstruction et de modernisation intense. L'architecture fonctionnaliste et le mouvement moderne prônent des designs épurés, l'utilisation du béton, de l'acier et du verre, ainsi que la fonctionnalité des espaces. Les grands ensembles résidentiels, conçus pour répondre à la crise du logement, incarnent cette période avec leurs formes minimalistes et leur organisation rationnelle de l'espace.

Dans les années 1970 et 1980, Paris assiste à la naissance de projets d'envergure qui réinterprètent l'espace urbain, tels que le Centre Georges Pompidou, conçu par Renzo Piano et Richard Rogers, qui bouleverse les conventions par sa structure externe colorée exposant tuyauteries et escalators. Cette époque voit également la réalisation de la Défense, quartier d'affaires caractérisé par ses tours de verre et d'acier, symboles de la modernité et de l'architecture de haute technologie.

Les traits caractéristiques des immeubles des Trente Glorieuses : 

• Béton industriel préfabriqué et balcons en Altuglas comme au 60 av. Henri Martin, 16e 

• Abandon de l’alignement sur la rue et rupture d’échelle : le front de Seine dans le 15e

Quelques immeubles emblématiques des Trente Glorieuses : 

89 -93 bd Raspail dans le 6e arrondissement par Louis Thomas en 1957

67, rue Berrault dans le 13e arrondissement en 1958

33, rue Croulebarbe dans le 13e

Les styles des immeubles parisiens au tournant du millénaire (après les années 90)

Le tournant du millénaire est marqué par une prise de conscience croissante de la nécessité de développement durable et par l'intégration de préoccupations écologiques dans l'architecture. Des projets comme la Bibliothèque nationale de France, avec ses quatre tours en forme de livres ouverts, illustrent cette volonté d'allier innovation architecturale et respect de l'environnement.

Traits caractéristiques des immeubles parisiens au tournant du millénaire : 

• Variété des volumes comme les immeubles de la promenade Claude Levi-Strauss dans le 13e arrondissement : 

• Retour à la couleur comme au 9, rue Françoise Dolto dans le 13e
• Citation et humour comme au 11 bis rue Pierre Nicole dans le 5e où de fausses ruines ont été construites dans le hall.

Quelques immeubles de cette époque : 

• 25, rue de l’Ambroisie dans le 12e par Christian de Portzamparc en 1994
• 39 - 41, rue des Longues-Raies par Philippe Dubus en 2007

À travers les siècles, l'architecture parisienne a su se réinventer. Elle est le reflet d'une ville éternellement jeune malgré son histoire millénaire. Du médiéval au moderne, en passant par le classique, le baroque, l'haussmannien, l'Art nouveau et l'Art déco, chaque époque a laissé son empreinte, contribuant à la richesse et à la diversité du paysage urbain parisien. Les immeubles parisiens ne sont pas de simples structures ; ils sont les témoins des révolutions artistiques, des avancées technologiques et des changements sociaux qui ont traversé la capitale française.

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De la majestueuse sobriété des édifices classiques à l'audace structurelle des constructions modernes et contemporaines, Paris continue de se définir et de se redéfinir, offrant un panorama architectural sans égal.

De nombreuses références ont été puisées dans le livre “La grammaire des Immeubles Parisiens” de Claude Mignot édité aux éditions Parigramme.